Laurent Lafitte Ă©tonnant en Bernard Tapie, lâultime saison de âSex Educationâ ou encore un polar vintage et sa flopĂ©e de stars : notre sĂ©lection des temps forts de la rentrĂ©e sĂ©rielle.
Laurent Lafitte, bluffant dans « Tapie ».
AnnoncĂ©e de longue date, la sĂ©rie française trĂšs attendue de cette rentrĂ©e est un biopic en dĂ©sĂ©quilibre entre faits et mythe. Tristan SĂ©guĂ©la, fils du publicitaire Jacques SĂ©guĂ©la, proche de Bernard Tapie, mĂȘle critique dâun businessman magouilleur et hommage Ă©mu Ă un homme dĂ©sespĂ©rant dâĂȘtre aimĂ©. FascinĂ© par son sujet, il ne fait quâeffleurer le contexte sociopolitique des annĂ©es 1970-1990. Son portrait de lâex-patron de lâOM nâen reste pas moins Ă©tonnant, souvent drĂŽle, riche jusque dans ses dĂ©fauts. Laurent Lafitte, Ă peine grimĂ©, est bluffant en ambitieux grotesque mais irrĂ©sistible.
âș Sur Netflix, le 13 septembre.
Dans 66-5, Alice Isaaz en impose. De ses dĂ©buts en Ă©tudiante dans La CrĂšme de la crĂšme, de Kim Chapiron, en 2014, Ă ses apparitions encore un peu studieuses chez Paul Verhoeven (Elle) et Emmanuel Mouret (Mademoiselle de JoncquiĂšres), elle a longtemps couru avec le dossard « jeune premiĂšre ». Dans la nouvelle sĂ©rie judiciaire de Canal+, créée par la scĂ©nariste dâEngrenages Anne Landois, lâactrice de 32 ans sâen dĂ©barrasse pour de bon, au profit dâune robe dâavocate, celle de Roxane, hĂ©roĂŻne Ă poigne qui fraye avec les voyous. Un rĂŽle rĂ©current quâelle habite avec une Ă©nergie pugnace, et qui lui permet enfin de prendre toute la place quâelle mĂ©rite.
âș Sur Canal+, le 18 septembre.
On savait Adam Price fĂ©ru de politique et de cuisine mais on ignorait quâil Ă©tait aussi mĂ©lomane. Le crĂ©ateur de Borgen est Ă lâinitiative de cette comĂ©die dans les coulisses de la Philharmonie de Copenhague, au croisement de The Office et de LâOpĂ©ra. Dix Ă©pisodes oĂč il est moins question de musique que de vie en entreprise Ă lâheure de #MeToo. En son centre, deux antihĂ©ros hyper attachants, le directeur adjoint Jeppe (Rasmus Bruun), maladroit et cocu, et la seconde clarinette Bo (Frederik Cilius JĂžrgensen), vieux garçon aigri. Leur revanche commune est rĂ©jouissante.
âș Sur France.tv, le 18 septembre.
Hank Devereaux Jr, professeur de lettres dans une petite fac de Pennsylvanie, est fatiguĂ©. De ses Ă©lĂšves mĂ©diocres, de ses collĂšgues Ă©gocentriques, de sa femme qui rĂȘve dâune nouvelle vie⊠mais surtout de ses propres Ă©checs qui ont engendrĂ© un Ă©crasant sentiment dâinutilitĂ©. AdaptĂ©e dâun roman du Prix Pulitzer Richard Russo, cette comĂ©die tendrement vache capte la dĂ©prime de son hĂ©ros en pleine crise de la cinquantaine et croque le monde universitaire amĂ©ricain. Elle confirme le talent de Bob Odenkirk (Better Call Saul) pour jouer les losers Ă©mouvants.
âș Sur OCS Max, le 19 septembre.
Podcasteuse Ă succĂšs, AdĂšle a fait un livre de sa rupture, tandis quâArthur prĂ©tend poser les relations sentimentales en Ă©quations mathĂ©matiques Ă lâuniversitĂ©. Lâamour, sujet de prĂ©occupation commun Ă la belle brune asthmatique (CamĂ©lia Jordana) et au scientifique rĂȘveur (ThĂ©o Navarro-Mussy), pourrait bien leur tomber dessus⊠Mais rien nâest simple quand on a eu le cĆur brisĂ© et que les ex, pas forcĂ©ment mal intentionnĂ©s, rĂŽdent toujours dans les parages. Une comĂ©die romantique espiĂšgle, qui dĂ©poussiĂšre doucement (mais sĂ»rement) les codes du genre.
âșSur Disney +, le 20 septembre.
Fin des dĂ©bats (et des Ă©bats) en vue pour Otis, Eric, Maeve et les autres lycĂ©ens de Moordale. Aussi drĂŽle que jouissive, la comĂ©die de lâAnglaise Laurie Nunn, qui a rĂ©volutionnĂ© lâĂ©ducation sexuelle Ă lâĂ©cran, tirera en effet sa rĂ©vĂ©rence au terme de cette quatriĂšme saison. Aussi piquante que les prĂ©cĂ©dentes ? On le dĂ©sire ardemment ! En tĂȘte de nos fantasmes les plus fous : connaĂźtre enfin lâidentitĂ© du pĂšre du bĂ©bĂ© de Jean (Gillian Anderson) et suivre les premiers pas de son fils Otis, sexothĂ©rapeute amateur, dans les couloirs de son nouvel Ă©tablissement.
âș Sur Netflix, le 21 septembre.
Dans son immanquable saison 3, Parlement continue de sâamuser de la folie douce des fonctionnaires europĂ©ens. Alors que Samy (Xavier Lacaille) se plie en quatre pour dĂ©crocher un poste Ă la commission, Rose (Liz Kingsman) joue des coudes pour sâimposer dans la jungle des journalistes freelance qui suivent lâactualitĂ© du Parlement. Cette comĂ©die finement jouĂ©e et dialoguĂ©e explore les noblesses et les aberrations de la politique commune, sur un ton burlesque, poĂ©tique et mĂȘme lĂ©gĂšrement angoissant, comme si The Office rencontrait Kafka et Jacques TatiâŠ
âș Sur France.tv, fin septembre.
Cette minisĂ©rie comico-politique créée par Charly Delwart et rĂ©alisĂ©e par Erwan Leduc (Perdrix), propulse une baroudeuse de lâhumanitaire au Quai dâOrsay, et la regarde sâempĂȘtrer dans les ficelles du pouvoir. Entre un prĂ©sident expĂ©ditif (hilarant Laurent Stocker) et la jonglerie des communicants sâĂ©chinant Ă rattraper les bourdes de la nĂ©ophyte (LĂ©a Drucker, parfaite) confrontĂ©e Ă une prise dâotages au Sahel, ce voyage en absurdie ne semble pas si Ă©loignĂ© de la rĂ©alitĂ©. Et la dĂ©rision nous invite, aprĂšs coup, Ă prendre la chose politique trĂšs au sĂ©rieux.
âș Sur Arte, le 5 octobre.
AprĂšs la tuerie perpĂ©trĂ©e en janvier 2015 contre la rĂ©daction de Charlie Hebdo, les services de renseignement français sont en Ă©bullition. Comment endiguer la menace terroriste et empĂȘcher dâautres drames ? Librement adaptĂ©e de lâenquĂȘte Ă©ponyme du journaliste Matthieu Suc (Ă©d. Harper Collins, 2018), cette minisĂ©rie en quatre Ă©pisodes suit, des attentats du 13 Novembre Ă celui de Nice, le travail en forme de course contre la montre dâagents de la DGSI, de membres de la DGSE⊠Au Moyen-Orient et en Europe, le rĂ©cit dâune lutte Ăąpre face Ă Daesh, et dâune collaboration malaisĂ©e entre des services aux mĂ©thodes et aux prioritĂ©s souvent divergentes. On pense au Bureau des lĂ©gendes et Ă The Looming Tower.
âș Sur M6, Ă venir.
Au pays des sĂ©ries françaises, dâordinaire si peu enclines Ă ausculter les cĆurs battants, Split, attendue Ă lâautomne sur France.tv Slash, nous expose au rayonnement dâune rencontre sous les projecteurs dâun plateau de cinĂ©ma. Lâessayiste Iris Brey, spĂ©cialiste des reprĂ©sentations du genre Ă lâĂ©cran, passe pour la premiĂšre fois derriĂšre la camĂ©ra et met en scĂšne, en cinq Ă©pisodes, lâhistoire dâune passion heureuse entre deux femmes, une actrice (Jehnny Beth) et sa doublure (Alma Jodorowsky).
âș Sur France.tv Slash, en novembre.
Un petit air de Columbo ? Oui, mais dans lâAmĂ©rique profonde. SignĂ© Rian Johnson (Ă couteaux tirĂ©s), ce polar au look vintage dĂ©mĂȘle des crimes dont le coupable est connu dĂšs le dĂ©but. Et son hĂ©roĂŻne, une fugitive traversant le sud des Ătats-Unis, est aussi sagace que notre bon vieil inspecteur Ă lâimper froissĂ©. EntourĂ©e de guests luxueux (Adrian Brody, Nick Nolte ou ChloĂ« Sevigny), Natasha Lyonne succĂšde Ă Peter Falk avec un petit air dâAudrey Fleurot dans HPI. Voix rocailleuse et cool Ă toute Ă©preuve, elle rend justice Ă lâagent dâentretien, Ă lâemployĂ© de fast-food ou au fan de metal victime de la cupiditĂ© de son prochain. IrrĂ©sistible.
âș Sur TF1, Ă venir.
AprĂšs Skam, France.tv continue dâexplorer le quotidien des jeunes Français. Exit la banlieue parisienne, DĂ©ter (pour « dĂ©terminĂ©s » mais aussi « des terres ») suit la vie dâun lycĂ©e agricole. Cette quotidienne courte â sept minutes regroupĂ©es chaque semaine en un Ă©pisode dâune demi-heure â apporte de la visibilitĂ© Ă une jeunesse rare sur le petit Ă©cran, et devrait aborder des questions brĂ»lantes : Ă©cologie, identitĂ©s, dĂ©classement⊠Lâobjectif de ce pari original ? CrĂ©er le dĂ©bat en renversant les a priori, sans simplifier lâopposition entre tradition et modernitĂ©.
âș Sur France.tv, dĂ©but octobre.
On sait lâintelligence avec laquelle il a dĂ©jĂ sondĂ©, dans plusieurs de ses films, le terreau humain sur lequel prospĂšre lâescroquerie. Pour sa premiĂšre sĂ©rie, Dâargent et de sang, attendue sur Canal+ en octobre et sĂ©lectionnĂ©e Ă la 80á” Mostra de Venise, le cinĂ©aste Xavier Giannoli sâinspire de lâarnaque Ă la taxe carbone en collant aux basques dâun inspecteur des douanes (Vincent Lindon) lancĂ© Ă la poursuite des cerveaux de la machination (Ramzy Bedia et Niels Schneider).
âș Sur Canal+, en octobre.
Une Ă©niĂšme dĂ©clinaison Marvel ? Oui, mais celle-ci retient notre attention parce quâelle met en scĂšne une superhĂ©roĂŻne amĂ©rindienne, Maya Lopez (alias Echo). La sĂ©rie est en outre rĂ©alisĂ©e par Sydney Freeland, elle-mĂȘme issue de la communautĂ© native. AprĂšs Black Panther, qui a changĂ© la reprĂ©sentation des Noirs Ă Hollywood, et Everything Everywhere All at Once, qui a mis en avant les talents dâorigine asiatiques, Echo ouvrira-t-elle un nouveau chapitre dans la bataille pour la diversitĂ© ? RĂ©ponse fin novembre.
âș Sur Disney +, le 29 novembre.
Autre projet enracinĂ© dans le rĂ©el, attendu prochainement sur France 2, Sambre, de Jean-Xavier de Lestrade, avec Olivier Gourmet, Alix Poisson et ClĂ©mence PoĂ©sy, convoquant le souvenir des victimes du violeur en sĂ©rie de la Sambre, qui a sĂ©vi pendant trente ans. Gageons que le rĂ©alisateur de LaĂ«titia portera, Ă nouveau, un regard sociĂ©tal sur le traitement de lâaffaire au fil du temps.
âș Sur France 2, prochainement.
Dans un registre plus intimiste, on attend Ă©galement, sur Disney +, Tout va bien, dramĂ©die sur une famille confrontĂ©e Ă la maladie dâun enfant, imaginĂ©e par la scĂ©nariste Camille de Castelnau, bras droit dâĂric Rochant sur Le Bureau des lĂ©gendes.
âș Sur Disney +, prochainement.