Bon allez, c’est parti pour un pavé aussi long que mon temps de course.
Dans les épisodes précédents, j’étais donc sceptique sur le choix de la tenue. Autant les manches longues ont fait le taf. Autant je me suis carrément planté dans le choix des pompes…
En fait, le dimanche précédent j’avais fait déjà une course nature et j’avais pris des pompes plutôt typées trail et ça n’avait pas été très utile à mon sens. Même dans les passages dans les champs et les forêts, ce n’était pas très glissant. Du coup, une semaine plus tard, je me dis : « certes il a pas mal plu dans la semaine mais la course est en majorité sur de la route donc ça va passer avec des chaussures de route ». Bah je crois que c’est la chose qui m’a flingué la course tout simplement.
10 premiers kilos plats dont un petit passage en bord de champ et déjà , ouais merde c’est pas mal boueux en fait.
Bon j’essaie de me mettre un max sur le côté pour éviter les grosses « tranchées » et ça déroule tranquillement. On est un groupe de 3 (dont un collègue de taf à moi dont j’ai découvert il y a peu qu’il faisait de l’ultra), quasiment dans les derniers (il doit y avoir 3-4 personnes derrière nous juste) et arrivé au 1e ravito, on recolle à 3 personnes devant nous. Je m’arrête juste le temps de remplir une flasque, je prends un truc à bouffer et je me tire. Mon collègue emboîte le pas.
On commence du léger dénivelé, les premiers passages en forêt et dès la première vraie descente, c’est le drame. « CHUTE A L’ARRIERE DU PELOTON. MOTO 3 THIERRY. DES IMAGES TERRIBLES ».
Bref, pas de douleur sur le coup, juste une petite frayeur et on continue à notre petit rythme jusqu’au ravito du 18e. Comme le précédent, je recharge une flasque, je prends une pâte de fruit sur place et une à emporter et ça repart.
Là on rentre dans la partie de course que je connais en très grande majorité et je me dis que certaines descentes vont être trèèèèèès délicates, le moral commence déjà à en prendre un coup et surtout, je commence à avoir grave mal au genou gauche.
En gros, j’ai du mal à le plier, ça me fait mal et ça m’énerve terriblement car je n’ai aucune d’idée d’où vient cette douleur (après coup, je pense qu’à force de galérer dans la boue, j’ai du pas mal forcer mes appuis ou peut-être lors de ma chute), que cette course me tenait vraiment à coeur et que je trouve ça terriblement injuste que ça m’arrive pile aujourd’hui.
Je m’accroche à mon collègue jusqu’au 33-34e où je commence déjà à baisser pas mal de rythme alors que j’ai l’impression que niveau souffle et muscles, tout va bien. Il me dit qu’il va avancer un peu plus vite, me demande si ça ne me dérange pas. Evidemment je lui dis que non, ça fait 10 bornes qu’il me tracte, je culpabilise déjà assez comme ça, il a de bonnes jambes, faut qu’il en profite donc il s’envole et là tout s’écroule. N’ayons pas peur de l’avouer : fracture totale du mental.
Une montée arrive donc je commence à marcher mais après, j’ai du mal à courir plus de 500m, réelle douleur au genou ou mental qui n’arrive pas à prendre le dessus, je ne le sais pas vraiment. Dans ma tête, je pense à l’abandon, il y a un ravito juste avant le 40e, il y a des relayeurs, je vais bien en trouver un qui me ramènera à l’arrivée.
Je poursuis mon chemin de croix quand, peu de temps avant le ravito, je me rappelle qu’il n’y a pas de relais ici en fait. Du coup autant pousser jusqu’au suivant, on ne sait jamais, ce n’est que 5 bornes de plus avec essentiellement de la descente. Je continue à alterner marche et course. Quand quelqu’un me dépasse, je fais l’effort de tenter de trottiner un peu derrière pour profiter de sa lumière (oui car je me suis aussi rendu compte que ma frontale n’était pas super puissante en fait, j’ai du marcher dans 7-8 flaques faciles car parfois je n’y voyais pas grand chose ) mais ça ne dure pas bien longtemps.
43e, dernier ravito, je me pose quelques instants et j’essaie de faire le point avec moi-même. J’ai l’impression d’être perdu mais dans un éclair de lucidité, je me dis que tant que je n’ai rien de grave, je dois continuer. Je fais le calcul dans ma tête, il reste 10 km. Même en faisant du 10’ au kilo, ça me fait marcher 1h40 en gros, allez banco on y va.
Pas grand chose à noter sur la dernière partie, c’est toujours la galère, je me perds même avec un type juste après le ravito, on a fait 400m cadeau. Autant dire qu’à ce moment-là , je comptais chaque mètre donc c’était vraiment une punition.
La dernière ligne droite, le long d’une route est interminable, je m’arrête même pisser à 1km de l’arrivée tellement j’en ai plus rien à foutre.
Voilà j’arrive en quasiment en 6h40, soit 25’ de plus que la dernière fois (et 50’ de plus que la 1e) où j’avais fini au bord des crampes et en vomissant.
Bref, désormais j’ai une revanche à prendre sur ma revanche.
Et si on est un peu cartésien, je devrais foutre plus de 7h le prochain coup logiquement. Je me demande déjà ce qu’il va pouvoir m’arriver.
En vrai, j’en rigole maintenant, mais j’ai eu un peu de mal à digérer cette course, c’est aussi pour ça que je ne voulais pas faire le compte-rendu direct. C’est mon premier vrai gros échec (à mon niveau bien sûr), ça ne sera surement pas le dernier en fin de compte et ça prouve bien que sur des longues courses, à notre modeste niveau, absolument rien n’est joué d’avance. C’est aussi pour ça qu’on court j’imagine !
J’avais prévenu que ce serait un pavé.
TLDR : Mauvaises chaussures, mental défaillant, longue rando.