Doudou au marathon du Médoc

Allez, petit récap! j’vais essayer d’être complet mais comme c’était un peu plus long que le vainqueur (2h26), j’vais ptet pas me souvenir de tout…

Pour cadrer le truc, comme vous le saviez, c’est mon pote d’enfance (Bastien) qui m’a inscrit à cette course alors que j’étais à la cave à ce moment là. Incapable de répondre favorablement à l’invitation par moi même tant je me sentais incapable de courir 42 bornes, je laissais le destin opérer et mon pote m’inscrire. Autant effrayé qu’excité à l’idée de relever le défi. Bref, quelques mois plus tard, j’arrivais la veille du grand départ à Bordeaux. On se retrouvait donc à 6 ce WE pour faire la course. Avec Bastien, Xavier, Antoine, Teddy, Seb et moi même donc.

Première mission, retrait des dossards le vendredi soir. Découverte du site, retrait des dossards au gymnase de la ville, des stands sont installés (ASICS, Cochonou, une buvette…). L’objectif des copains et de déguster un verre au 18 stands présents sur le parcours. pour s’échauffer, on finit donc à la buvette autour d’un excellent petit médoc. 1,5€ le verre de vin rouge, bien servi, franchement, si il y avait pas le marathon le lendemain, je crois qu’on aurait bien passé la soirée à siroter autour du bar ! Mais bon, pas de dispersion… Les fêtards de copains commencent quand même à évoquer l’apéro. C’est pas le moment de lâcher. J’annonce que je ne bois plus d’alcool avant le lendemain, les potes rigolent.

Doudou il est content !

Retour au camping, petit apéro : bière, chips, saucisson, bon pour une prépa marathon y a mieux, mais faut pas bousculer les habitudes si près d’un départ hein. Je bois qu’une bière.

Bastien nous prépare un plat de pâtes au jambon/crème/gruyère/oignons parfait pour recharger les batteries en glucides. Tout le monde est finalement sage même si l’excitation est là. Dodo vers 23h.

Doudou il est content !

J’avoue : j’en ai repris.

Au moment de dormir, l’émotion commence déjà à arriver, j’y suis. Un peu comme un lapin coincé entre les phares, y a plus trop moyen de s’échapper. Je revis les entrainements, je me projette, le départ, la course, je repense aux encouragements reçus, . J’ai jamais couru en course officielle, je sais pas ce qu’il va se passer, j’ai 15000 scénarios en tête. Mais je me persuade que ce sera fun, que demain c’est l’aboutissement d’un truc, et que de toute façon, je peux plus m’échapper, alors autant le vivre cool. Je m’endors facilement, j’avoue avec une petite larmichette à l’oeil.

Le réveil est un peu rude. 5h15 du mat. 2 objectifs dès le réveil : manger et chier. Un petit café, 2 bananes, des barres de céréales. Je me remplis de glucides. Mes entrainements m’avait montré comment faire. Je gère. Par contre, je comptais sur le stress et le café pour courir plus léger mais rien sort. Je m’inquiète un peu de la crise en plein milieu des vignes… Tant pis on fera avec.

6h du mat : on part à pied pour 20 minutes de marche pour prendre la navette qui nous emmène de Bordeaux à Pauillac. 1h de bus environ. L’ambiance est détendue, le stress monte un peu. On déconne mais on se partage pas mal de moments de silence. On discute tempo de course, 6min/km, 5,30… Tout ça me semble bien rapide, je dis trop rien, je me dis que si ça part fort, je laisserai partir les copains tant pis, l’objectif est d’arriver et de s’amuser, je me le rentre dans la tête. je tâcherai de me caler vers 6min ou 6min15 au début. Je peux pas faire mieux je le sais. j’ai craché mes tripes le long du canal du midi pour le découvrir.

Doudou il est encore content !

Le bus, j’ai ma petite bouteille de powerade, Seb nous a ramené les minions gonflés à l’hélium, on se marre avec ça dans le bus, nos déguisements sont cools, ça détend l’atmosphère, ça ne peut qu’être une bonne journée. On essaie de dormir mais personne trouve le sommeil. Je bois mes petites gorgées de powerade, on se marre. Je suis stressé mais pas tant que ça, j’ai envie que ça parte.

Doudou il est content avec son minion !

On arrive vers 8h00 sur le site, je recroise un couple de Sud Africains croisés la veille dans le tram, on discute, on s’encourage, on va poser nos sacs à dos à la consigne, on cherche la ligne de départ. On voit les déguisements, des gens qui festoient, c’est marrant.

On va se positionner assez haut sur la grille départ, vers la boule ou se déroule le show, l’attente commence, la densité de coureurs augemente, des indiens, des chinois, des suédois, des bretons, tout le monde fait la teuf. ça m’amuse mais je reste dans mon truc un peu. J’ai peur de partir trop fort. On doit passer 30 minutes coincés là. Le speaker fait monter l’ambiance, le show fait son effet aussi, on encourage le départ des handisports, là j’ai qu’une envie c’est de partir, je sautille sur place, je suis sur excité, je me contrôle, j’ai encore les larmes qui montent, toute cette foule, les applaudissements, ça monte ça monte ça monte !!!

9h30, départ ! Il est fictif (on marche 700 mètres avant le km 0) mais ça y est on avance ! Je flippe ma race mais je suis heureux de faire partie de ce truc, j’ai envie d’en découdre. km 0 on y est, je lance la montre, on est partis, on court.

Assez vite, on slalome au milieu de la foule pour les doubler, le rythme est à la limite haute de ce que je pense pouvoir tenir, je vois les copains prendre quelques mètres d’avance, je m’affole pas, je reste un peu derrière, Bastien vient me voir pour savoir si ça va, je lui explique que oui mais je préfère me gérer tranquille. Arrivent les premiers ravitos, le petit déj d’abord : Je prend un petit cannelé, parfait! Arrive le premier chateau et la dégustation, je rejoins les copains, comme je bois pas, j’en profite pour prendre un peu d’avance, finalement, j’ai eu un peu peur au début de faire tout le marathon tout seul, mais ça va, je rattrape les copains au stand pinard, je les double, ils me redoublent et ainsi de suite de chateaux en chateaux. J’ai mon petit rythme, entre 6’ et 6’30, je cours la bouche fermée, je me fatigue pas trop, parfait. On se marre aux stands à vin.

Les 5 premiers km sont un peu douloureux, les jambes sont un peu lourdes, les muscles et articulations tirent: j’ai pas couru de la semaine à cause de la cheville, j’ai l’impression que j’aurais du faire un peu de truc pour décoincer tout ça, mais déjà, ni la cheville gauche, ni ma voute plantaire droite me font grincer des dents c’est déjà ça !

A partir du 6ème km, je me cale définitivement sur mon rythme en moyenne 6’15, parfait. Les douleurs me quittent, les muscles chauffent, je suis bien. Au départ et ensuite, les gens nous encouragent. Grâce aux ballons gonflés à l’hélium des minions, on a pas mal de succès chez les 5-12 ans “Allez les minions”. C’est pas grand chose mais ça motive !

J’avale les 10 premiers Kil en 1h01, bien même si un poil rapide ! Tant pis ça marche. Je suis nickel. Il fait frais, il pleut pas, je crois les potes, je me marre : tout va bien.

Du 10 au 15ème, c’est du même tonneau, on s’éloigne un peu de la foule, mais ce sont des km faciles, fait 15 000 fois à l’entrainement, c’est un peu la zone de confort désormais. Je profite, je me fatigue pas, objectif garder la bouche fermée en courant. Signe que le cardio est dans une zone acceptable !

Le 15ème km marque une longue ligne droite un peu dure mentalement, pas de château pour déguster, peu de monde, je me cale dans la foulée des gens autour de moi. Je suis devant les potes qui profitent du stand d’avant avant la période de disette (6km sans picoler, c’est long !). Je m’attends à ce qu’ils me déposent rapido. Finalement, je tiens jusqu’aux 3/4 de la ligne droite et je les retrouve au château suivant pour fêter le semi-marathon ! Là, Bastien me tend un verre, je ne peux décemment pas refuser, hop petite dégustation. Je suis étonnement bien, les ischios tirent un peu mais je m’y attendais, les jambes tournent bien, j’ai mis 2h17 à faire cette première moitié. Bref, tous les signaux sont au vert !

Les minions pour se repérer : Parfait !

Le deuxième semi commence donc, et la pluie s’invite ! Mais je m’en fous un peu, on est trempés mais je le sens pas trop ça va. je pars une nouvelle fois devant les copains qui profitent, ils me rattrapent, je repars, ça dure jusqu’au 27ème, je sais pas si c’est l’euphorie de la course, la prépa ou quoi, mais je suis bien, pendant les entrainements, j’explosais dans ces kilométrages là, là, j’ai les jambes un peu lourdes mais ça va, je checke dans les mains des enfants qui tendent les bras, je regarde le public sur le bord de la pelouse, j’admire les paysages, je suis bien, heureux quoi. On se retrouve tous vers le 27ème km, la barrière, j’ai jamais autant couru de ma vie, l’inconnu, et la fois ou je l’ai fait, j’étais pas frais… On déconne avec les copains aux stands, je les vois partir, certains d’entre eux commencent à peiner… Je cours jusqu’au 30ème, j’ai besoin un peu de m’étirer les ischios, je me mets au bord des bordures, je me baisse, je souffle, faut que je mange, que je boive, coca, banane, j’augmente les doses, il pleut depuis un bon moment, et on est loin de Pauillac, presque personne au bord des routes, je me retrouve avec Antoine, qui en chie un peu, je l’encourage, on alterne marche à pied et course. On se rappelle pourquoi on fait ça, pourquoi c’est une bonne journée. ça me fait un bien fou de l’encourager parce que ça me rappelle tous les encouragements que j’ai reçu.

A partir du 32ème, ça a commencé à être vraiment dur, on est loin de tout, au milieu de nul part, loin du départ, loin de l’arrivée, il pleut, il y a personne, et les gens autour de toi soit te doublent soit sont dans un état encore pire que le tien. Là on va piocher, Antoine court avec moi, ça motive, je me rappelle les messages d’encouragement que vous m’avez envoyés, je pense à ma chérie qui m’a soutenu tous ces mois, à mes potos Gaellou et Thomas, à mes parents, mon frère… Et là, j’en chie comme un rat mort, mais finalement, les minutes passent et je reste heureux, heureux d’être là, d’en découdre, d’avancer malgré les éléments contraires, je me rappelle à chaque pas que j’en ai bavé pendant 16 semaines d’entrainement pour vivre ça, je dois marcher de temps en temps, mais c’est pas grave, je cherche le regard des gens sur le bord qui m’encouragent “Bravo” “c’est bien” je les regarde en levant le pouce “Vous êtes super” ça me nourrit et ça me fait avancer. Je croise une famille dont la fille qui doit avoir 12ans a un maillot du SM Caen, je la regarde en en levant le poing, “Allez Malherbe !!!” LEs parents m’encouragent. Des coureurs me doublent et me parlent du minion que j’ai au derche, on en rigole. Les gens rigolent de moins en moins mais on trouve de l’énergie un peu partout.

Le 37ème km : je rejoins les potes, 37 bornes, j’ai pas avancé très vite mais j’y suis, 10 bornes de plus que mon record, les jambes sont lourdes mais ça tourne, et à ce moment là, 5 bornes, ça parait peu. SI si. Un sentiment d’être arrivé, le plus dur est passé… Je croise un Suisse, on discute, il est là pour lever des fonds pour une association qui exaucent des voeux pour des enfants très malades. On s’encourage, on court un peu ensemble. LE pied, Je suis mort mais je suis heureux, la fin arrive.

Le stand des huitres nous attend, Bastien est là, on se fait signe dans un grand sourire, il me tend une huitre qu’il a citronné, parfait, je gobe. J’en reprend 2. Ptit verre de blanc. Je savoure. Il reste quelques bornes mais l’essentiel est là, je sais que je terminerai, je profite, on rigole.

On repart, stand chateau en pleine ville, Seb, explosé, se baigne dans la fontaine de la ville, on se marre avec des écossais, arrive le stand entrecôte, je me gave. elle est délicieuse. Il reste 2 bornes, je marche, je cours, je m’en fous, je sais que je l’ai fait. Je profite. Quand on est en groupe je me maitrise,Antoine s’est refait une santé, c’est lui qui m’encourage désormais pour finir en beauté. J’ai envie de finir avec Bastien pour marquer le coup mais il tente un pari fou au dernier chateau. Je finis seul sur le tapis rouge, tant mieux, j’ai le loisir de repenser en quelques mètres à tout ça, ça défile, je ne sais même plus quoi penser. Un spectateur Australien fait tomber son kangourou gonflable sur la ligne d’arrivée je lui vole et je file vers la ligne d’arrivée en guise de trophée avant de faire demi-tour et de lui rendre. Je passe la ligne mais j’avais envie de faire la bise à tous les gens posés le long, j’ai pas envie que ça se termine.

I dit it.

Doudou est encore et toujours content !

J’ai fini un marathon. 5h40 au chrono officiel. 4h50 sans compter les pauses. L’essentiel n’est pas là, je suis heureux. Le matin, à 30 minutes du départ, j’étais sûr de rien, je n’avais aucune certitude, j’arrive le soir avec la conviction de me dire que : quand on veut, on peut.

Je crois que c’est ça la principale leçon de l’histoire, il n’y a de limite que celle qu’on veut bien se fixer à soi-même. Je suis exténué mais je suis fier. J’enlève le t-shirt, je me le mets sur le tête, je vais m’assoir au bord de la garonne, je repense à ces 4 mois, à ma chérie, à ma famille, à mes potes, à tous les gars sûrs de la Team Iunctis, à mon pote Bastien qui m’a lancé dans cette aventure et je chiale comme un gosse. Je suis un marathoner. I dit it.

Je crois que c’est ça la drogue du coureur, c’est se vider pour se retrouver sans aucune armure, se retrouver face à soi-même, et laisser se vider ce qu’on ressent. Parfait pour un atrophié du bulbe comme moi en somme. Je sais pas si j’en referai un jour, mais une chose est sûre, je me souviendrai toute ma vie de cette journée extraordinaire ou concrètement j’ai pris conscience que oui je pouvais.

S’en suit un resto pour fêter ça et devinez quoi ?

Doudou il est content !

Voilà les choupinets. J’ai fait ça rapido. J’éditerai surement plus tard. Notamment avec des photos pour agrémenter le discours !

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