Pour JohnCarew
Si seulement Anne Hidalgo, la maire de Paris, parlait mieux lâanglais, elle pourrait postuler Ă un emploi dans la future administration Trump : la ville quâelle dĂ©crit appartient Ă une rĂ©alitĂ© alternative, entiĂšrement repensĂ©e avec des faits alternatifs.
Au dĂ©but du mois, la maire a annoncĂ© fiĂšrement que Paris avait Ă©tĂ© dĂ©signĂ©e meilleure ville cyclable de France, premiĂšre Ă©tape vers son objectif avouĂ© de devenir la meilleure ville cyclable du monde. (Mme Hidalgo est Ă la fois accro aux rĂ©compenses non mĂ©ritĂ©es et au maintien au pouvoir dâune coalition rouge-verte singuliĂšrement toxique, obsĂ©dĂ©e par la dĂ©croissance). Il faudrait ĂȘtre le plus mĂ©prisable des opposants (pour reprendre lâĂ©pithĂšte prĂ©fĂ©rĂ© de la duchesse de Sussex) pour contester que le classement a en fait Ă©tĂ© Ă©tabli par un site dâachat de vĂ©los, buycycle.com, qui souhaitait dĂ©velopper son activitĂ© en France.
Ce qui est vrai, en revanche, câest que la politique parisienne visant Ă chasser les voitures de la ville a produit, outre quelque 2.000 km de pistes cyclables performantes dont le coĂ»t sâĂ©lĂšve Ă 120.000 euros le kilomĂštre - dont beaucoup sont parsemĂ©es de nids-de-poule et bordĂ©es de rampes en bĂ©ton, certaines zigzaguant de maniĂšre terrifiante entre les bus et la circulation ordinaire, dâautres remplaçant des boulevards et des avenues entiers - des embouteillages, de la pollution, beaucoup de frustration, ainsi que ce qui est peut-ĂȘtre la culture cycliste la plus dĂ©sagrĂ©able de ce cĂŽtĂ©-ci de HĂŽ Chi Minh-Ville.
La ville nâa peut-ĂȘtre pas mis en place un plan vĂ©lo adaptĂ©, mais elle a donnĂ© naissance Ă un sentiment de suffisance chez les cyclistes parisiens, ou « vĂ©lotaffeurs », comme ils se nomment eux-mĂȘmes. Convaincus quâils valent mieux que quiconque, ils brĂ»lent les feux rouges, roulent Ă contre-sens dans les rues Ă sens unique (trop souvent sur des vĂ©los Ă©lectriques), hurlent sur les automobilistes et donnent des coups de pied dans leurs voitures, crient sur les piĂ©tons et les bousculent, hurlent sur les camions et risquent de se faire Ă©craser, et en gĂ©nĂ©ral rendent la vie des rues parisiennes infernale.
Et ce, avant que les piĂ©tons ne sâempĂȘtrent dans des tas de vĂ©los de location sur les trottoirs (les scooters de location sont dĂ©sormais interdits) qui bloquent le passage.Pour ne rien arranger, les transports en commun, qui ne relĂšvent pas de la compĂ©tence du maire (câest le Grand Paris), connaissent une grave crise depuis Covid, avec moins de chauffeurs, des suppressions et des raccourcissements de lignes de bus, et des mĂ©tros bondĂ©s en permanence Ă des intervalles plus longs.
Il y a trois ans, lâĂ©crivaine amĂ©ricaine Liz Alderman dĂ©crivait lâhystĂ©rie croissante dans la rue de Rivoli, rĂ©cemment fermĂ©e Ă la circulation automobile, qui Ă©tait auparavant lâune des principales artĂšres est-ouest de Paris :« Des cyclistes qui grillent les feux rouges dans les deux sens. Des livreurs Ă vĂ©lo qui fixent leur tĂ©lĂ©phone portable. Des scooters Ă©lectriques qui traversent les voies. Des piĂ©tons nerveux qui sâagitent comme dans un jeu vidĂ©o ». La situation nâa fait quâempirer depuis.
Lâironie, câest que le mot prĂ©fĂ©rĂ© de la maire, chaque fois quâelle impose une nouvelle idĂ©e folle aux Parisiens Ă©puisĂ©s - stations de compostage sur les trottoirs haussmanniens ; toilettes organiques Ă Ă©nergie solaire oĂč lâurine des hommes est censĂ©e fertiliser des plantes anĂ©miques Ă la vue des passants (rien nâest prĂ©vu pour les femmes) ; les rangĂ©es de bancs en pierre de granit brut, alignĂ©s comme des cercueils, autour du monument historique du PanthĂ©on pour bloquer la circulation - câest « apaiser », ce qui ne signifie pas tant « apaiser » que « bĂ©cher ». Cette phrase est Ă rapprocher de « Nous ne sommes pas en guerre avec lâOcĂ©anie et ne lâavons jamais Ă©tĂ© ».
Un tel « apaisement » a tendance Ă devenir permanent. Que Choisir, la rĂ©ponse française Ă Which, a rapportĂ© lâĂ©tĂ© dernier une augmentation constante du nombre dâaccidents mortels causĂ©s par ou Ă des cyclistes : 90 % en dix ans.
Et pas seulement pour les humains : Les politiques de la mairie en faveur du vĂ©lo ont sonnĂ© le glas de nombreux commerces parisiens. Trente ont fermĂ© leurs portes dans la seule rue de Rivoli, car les clients et les familles, incapables de transporter des paquets ou des poussettes, abandonnent le quartier, oĂč ni les taxis ni les Uber nâosent sâaventurer. Câest Mad Max : la survie des plus forts, sur leurs vĂ©los, enivrĂ©s de leur victoire vide sur tous les autres.