Fleabag, le second visionnage fut le bon...

Fleabag est une comédie dramatique sur une trentenaire célibataire brisée par la vie. Le ton est moderne et le personnage principal brise souvent le quatrième mur. Cette formule est presque devenue classique à l’heure actuelle. C’est sans doute pour cela que Fleabag ne m’a pas convaincu au premier visionnage, mais j’ai fini par être conquis en m’y remettant ces derniers jours.


Qu’est-ce que Fleabag ?


Ou plutôt qui est Fleabag ? Fleabag est le personnage principal de la série composée de deux saisons de 6 épisodes chacune (25 minutes environ). Une trentenaire célibataire issue d’une famille aisée par brisée par deux décès : sa mère, des conséquences d’un cancer du sein et plus récemment, sa meilleure amie, Boo qui s’est suicidée. Fleabag est une grande gueule, cynique, drôle qui refuse de s’attacher. Elle enchaîne les conquêtes (entre deux ruptures avec Harry) et sabote chaque histoire quand elle devient trop sérieuse.

Elle tient un café sur le thème des cochons d’inde qu’elle conduit à la faillite plus ou moins volontairement. Frappée par le deuil, elle est un classique cas d’auto-destruction.

Sa relation avec son père est au plus froide, il est en couple avec la marraine de Fleabag et n’arrive plus à communiquer avec sa fille depuis le décès de sa femme. Les contacts semblent se résumer à des chèques signés par le papa pour sa fille qui court à la faillite. La marraine en question peine à cacher son aversion pour Fleabag. Quant à Claire, la sœur de Fleabag, elle est anorexique, mariée à un type alcoolique et malgré un amour entre les deux sœurs, il y a une certaine méfiance, qu’on devine être la conséquences des frasques de Fleabag…

Fleabag a perdu son amie, mais semble avoir trouvé quelqu’un vers qui se tourner. Le téléspectateur. Elle nous regarde, nous invite à la discussion, et nous glisse souvent des commentaires au milieu d’une conversation avec quelqu’un.


Pourquoi c’est bien…


Le genre comédie dramatique m’avait un peu usé, pendant un moment il semblait n’y avoir que ça : sur les chaînes du câble US, HBO, Netflix. J’ai préféré son autre série, moins connue, nommée Crashing où un groupe de squatteurs vivent dans un hôpital désaffecté, le ton y est plus léger et me convenait mieux ce moment-là. Fleabag a pourtant reçu des critiques bien plus dithyrambiques et la deuxième saison sortie récemment a été unanimement salué. Il était donc temps pour moi de lui redonner une chance…

Les attentes diminuées et l’esprit plus libéré, mon avis a totalement changé sur la série. La première saison est bien plus drôle que dans mes souvenirs, les scènes dramatiques (malgré l’absence de surprises) m’ont touché, le personnage m’a captivé. Et je distinguerai deux éléments centraux dans cette réussite.

L’humour m’a semblé beaucoup plus percutant, les vannes fusent, que ce soit dans les discussions directes ou les commentaires que nous fait Fleabag. L’obsession de Fleabag pour la masturbation, les scènes avec Bus Rodent (le mec là avec les dents, vous verrez) dans le sex shop sont des passages très drôles. Mais le plus impressionnant met en scène quelque chose de très rare à la télé : le passif agressif. Les scènes entre Godmother (Olivia Colman) et Fleabag sont une succession de piques acerbes, le tout avec un sourire de faux-cul, chaque scène est une danse parfaitement maîtrisée entre les deux personnages. On est devenu habitué au cringe où un personnage s’humilie en public, mais cette approche originale avec le passif-agressif est une merveilleuse trouvaille.

Et venons au bris du quatrième mur. Les deux seuls exemples que j’ai en tête, à chaud, c’est Malcolm (qui se servait de ça juste pour commenter et apporter des détails), et House of Cards (que je n’ai pas vu). Je ne compte pas les mockumentary à la The Office car les autres personnages agissent normalement, car dans leur monde, personne ne les suit avec une caméra. Dans Fleabag, les regards sont constants, les commentaires moins. On est spectateurs et complices. Parfois juges. Quand elle ment à un personnage elle nous regarde en coin pour nous faire sourire, elle s’amuse à prédire ce que dira la personne en face d’elle et célèbre fièrement avec nous ses réussites (fréquentes). Ce qui aurait pu être un artifice ou un gadget est en fait un moyen supplémentaire de développer le personnage et sa mentalité, mais aussi d’apporter des touches d’humour et de rythme à la série.

Je n’évoque pas l’aspect dramatique. Le deuil affronté par Fleabag est touchant, les scènes de flashbacks avec Boo et les montages ultra rapides par moments sont déchirants. Mais j’avais déjà découvert ça au premier visionnage. Ce que j’avais oublié, c’est l’épisode dans la retraite silencieuse où elle recroise le banquier. Cet épisode développe la relation entre les deux sœurs et le dialogue avec le banquier en fin d’épisode est absolument parfait.

La deuxième saison de Fleabag a une idée de base qui m’a fait craindre le pire (une rencontre avec un prêtre beau-gosse), mais l’humour est toujours présent et le ton aussi pertinent. La partie dramatique et intimiste m’a semblé moins percutante mais les éloges restent totalement mérités. La série a trouvé le moyen de développer un peu plus ce bris de quatrième mur, où on sent l’intimité du personnage et la nôtre menacée et c’est excellent.



Explorer l’univers des séries sur iunctis avec notre catégorie Séries
Retrouvez nos articles séries sur le hashtag serie

J’ai pas vu Fleabag mais j’ai adoré Mouche, par contre j’ai lu que c’était exactement les mêmes plans et les mêmes dialogues.

J’ai découvert ça en préparant l’article, je ne savais pas qu’il y avait un remake total en français. Du coup tu peux presque enchaîner avec la seconde saison anglaise sans voir la première, y a juste les noms qui changent :hoho:

1 « J'aime »

Merci, je ne savais pas ça par contre, également vu Mouche et arrêté dès la première scéne de Fleabag car identique :clap2: