On s’est séparés hier soir. 
Nous vivions dans une situation compliquée, elle ressentait le besoin d’être seule, avait beaucoup de mal à communiquer, et j’étais dans la dynamique exactement inverse. Je voyais à sa tête, malgré ses multiples efforts et ses marques d’affection et d’amour sincères, qu’elle restait perturbée.
Comme elle était mutique et que je ne l’aurais pas supporté davantage, j’ai fini par mettre les pieds dans le plat (encore) hier soir, et c’est confirmé qu’elle n’arrive pas à s’enlever l’envie d’aller vers ce mec.
J’ai fini par lui dire que si elle arrivait pas à s’enlever cette idée de la tête, je voyais mal comment on pourrait vivre heureux si elle reste avec ses regrets et ses rancœurs et qu’il valait sans doute mieux qu’elle aille vers lui.
J’ai donc proposé qu’on se sépare quelques mois, qu’on vive les vies qu’on a à vivre et qu’on fasse le point ensuite, voir ce qu’on veut vraiment. Elle a accepté, mais j’ai tenu à ce que ça vienne d’elle. Elle l’a fait.
Voilà comment le 1er juin 2023 j’ai proposé à la femme de ma vie et la mère de mes enfants d’aller vers un autre mec pour éviter qu’on se fasse du mal et pour qu’elle se sente bien.
Chienne de vie tiens.
Je vous avoue que je vais pas fort là.
Ma cadette ce matin est venu jouer sur mes genoux, j’ai complètement craqué, l’idée de n’entendre ses rires qu’une fois sur deux, de les porter pour les emmener au petit dej le matin qu’une semaine sur deux me déchire les entrailles. Putain.
On s’aime et on se quitte. Quand même.
Pour la suite, on va se partager l’appartement 1 semaine sur 2. Les filles seront pas ballotées comme ça. Et financièrement, c’est le moins rude. L’autre ira dans l’appart de ses parents en ville (que les petits pédestres connaissent).
Pour ma part, je suis certain d’être capable de revivre avec elle si elle le désire. Mais à compter de ce jour, je n’attends ni n’espère plus rien de notre couple, je vais tacher de vivre ma vie du mieux que je peux et on verra ce que le futur me réserve.
Je ne peux que vous encourager, après avoir lu ce message, à respirer un coup, aller voir votre femme si vous en avez une, la regarder dans les yeux, et lui dire que vous l’aimez.
Et je vais à nouveau afficher le poème de Kypling sur la porte des chiottes :
Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;
Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;
Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;
Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n’être qu’un penseur ;
Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tous jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils.