Inspirée par les œuvres d’art rétrofuturistes de Simon Stålenhag, Tales from the Loop aurait pu être une série de science-fiction banale et prétentieuse. Mais avec son parti pris intimiste, elle propose un voyage apaisant, enivrant qui vous restera en tête pendant des semaines, à condition que vous adhériez au rythme de ces contes.
Parmi les plus grandes réussites de Tales from the Loop, la réflexion autour du rôle de la science-fiction est à placer très haut dans la liste. On nous plonge dans l’Ohio dans une période qui n’est pas définie mais qu’on situerait dans les années 80 dans une petite ville construite autour du Loop. Le gouvernement a construit un bâtiment à l’accès très restreint et les scientifiques sont chargés d’y explorer les secrets de l’univers. Des reliques ou d’étranges évènements amènent les habitants à y vivre des expériences surprenantes. Jusque là c’est un pitch qu’on a vu des dizaines de fois, et les évènements auxquels on va assister ont déjà été vu ailleurs. C’est non seulement assumé, mais en plus totalement volontaire car le sujet n’est pas là.
Les personnages de Tales from the Loop ne passent pas leur temps à chercher à comprendre pourquoi ce qu’on voit se produit. Lorsqu’une personne rencontre son double, la seule explication logique qui leur vient est que l’un d’eux vient d’un monde parallèle. Ils règlent la question en 30 secondes et décident de voir où ça va les mener sans remettre tout leur monde en question.
Car le but de la série n’est pas forcément de nous montrer des évènements inexplicables et encore moins de les expliquer. Il n’y a pas un immense mystère autour du Loop, il est là, et on vit avec. Ce qui compte, c’est ce que les personnages vont vivre et nous raconter à travers ces évènements surnaturels.
La série est présentée comme une anthologie, des contes. Il est vrai que chaque épisode est dédié à un personnage, ou un groupe de personnages. Chaque épisode a un ton propre, un thème séparé du reste. Mais ces contes se produisent dans un univers persistant, partagé par tous les contes. Et on comprend assez vite qu’il y a plus de liens que prévu entre chaque personnage et qu’on suit finalement un fil rouge cohérent sans qu’il soit marqué. Le dernier épisode raconte lui aussi un conte mais il permet également d’offrir une véritable conclusion aux récits précédents. On a vu 8 contes, mettant en scènes 8 personnages différents, mais l’aventure forme un tout cohérent.
La série pourrait s’arrêter là sans qu’on soit frustré par un manque de réponses. Mais elle peut aussi très bien continuer pour explorer d’autres personnages à travers de nouveaux évènements surnaturels.
J’ai dressé un peu le contour de la série, mais Tales from the Loop, ça donne quoi concrètement ?
La première moitié du premier épisode est assez ardue. Il ne se passe rien si ce n’est nous présenter l’univers, cette ville, ces habitants. On suit une gamine dont on ne sait rien. L’univers rétro-futuriste où les codes des années 80 croisent des robots à la fois modernes et usés est attirant et permet de s’accrocher. Si j’osais un parallèle, c’est un peu la fascination que provoque l’univers de Fallout mêlant post-apocalypse futuriste et codes des années 60, pareil pour Bioshock et son univers utopique rétro-futuriste. Ce monde est naturellement intrigant mais réconfortant à la fois. Rien ne choque, même les évènements que l’on vit ne nous mettront jamais sur le cul, on est comme bercés par cet univers. La mise en avant de la nature, de la campagne permet de contrebalancer avec les évènements surnaturels avec brio, et nous permet de ne jamais être trop déstabilisé.
On se laisse porter par cet univers, les épisodes ne sont pas surchargés de dialogues, on a rarement de l’action, on a un peu plus de tension et d’émotion mais ce qui restera c’est la simplicité dans les moments de silence et la poésie de l’ensemble. Ces images incroyablement belles (on peut se faire une dizaine de fonds d’écran avec les images de la série) et cette musique envoûtante vous pousseront à lancer l’épisode suivant.
Je vais faire un deuxième parallèle risqué. Même si le propos ou le style n’ont pas grand chose à voir, j’ai ressenti devant Tales from the Loop la même chose que devant The OA. Les épisodes ne sont pas toujours les plus fous, les plus rythmés, tu ne sais pas forcément où ils veulent aller, mais c’est étrangement réconfortant. Une bulle de simplicité, de douceur qu’on n’a pas envie de quitter.
Rien ne dit que cette série plaira à tous, il faudra déjà être dans des conditions mentales particulières pour tolérer le rythme. Quelques séries qui ont servi de point de comparaison comme The Leftovers ne m’ont pas accroché aussi vite que l’a fait Tales from the Loop par exemple. L’univers rétrofuturiste est sans doute la différence qui a permis de m’accrocher, mais il ne marchera pas pour tous. Et il ne servira à rien d’insister si ça ne vous parle pas.
Je finirais par un conseil. Faut-il binge watch la série ? Même si j’ai tout vu en l’espace de 72h, je conseille de vous limiter à deux épisodes par jour, ou encore mieux, un épisode par jour, comme un moment tisane à l’approche de la nuit pour voyager.
Si j’espère voir arriver une autre saison, je sais que je me replongerai dans la série dans quelques années, parce qu’elle est rare.
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Pour parler plus concrètement, mes épisodes favoris sont le 2 avec le body swap pris sur le ton du drame personnel de deux ados aux vies si différentes, le 5 où Dan Bakkedahl joue un père qui devient bouffé par la haine après les drames familiaux, le 6 le voyage dans un monde parallèle dont on peut picorer tellement de choses, les scènes de solitude dans la cabane m’ont vraiment marqué et bien sûr le dernier qui conclut tout ce conte familial absolument dramatique.
Ce qui me surprend le plus en fait c’est qu’à l’image des évènements surnaturels dont les personnages se font instantanément, c’est la façon dont ils acceptent les drames que causent le Loop. Hormis Cole, la famille Willard prend dans la gueule les dommages causés par le Loop sans sourciller. Sans jamais le dire, on comprend qu’on est dans le fameux esprit de la mission plus grande que tout le reste, mais c’est tellement froid que ce dernier épisode en est plus bouleversant encore.
La série va vraiment me rester à l’esprit pendant quelques temps.
Je pensais pas que j’allais accrocher en tout cas, en lisant que c’était pas vraiment de la SF, que c’était lent et contemplatif, mais quand ça s’est fini, j’ai pas eu assez ma dose