Après des documentaires sur le Foot US, le basketball, le football ou encore la Formule 1, voir Netflix s’attaquer aux cheerleaders avait de quoi surprendre. Nous avons l’image d’un loisir qui n’est pas un sport à proprement parler. C’est principalement un court spectacle pendant les temps-mort pour divertir le public ou retenir les téléspectateurs devant leur écran. Cheer va non seulement changer cet a priori en quelques minutes, mais cette série documentaire développera une admiration au moins aussi grande pour ces athlètes incroyables.
Voir Greg Whiteley, le réalisateur de Last Chance U, aux commandes de Cheer devrait déjà rassurer sur les ambitions du projet. Il a prouvé qu’il savait capturer les réussites, les échecs et les douleurs des équipes qu’il présente. Plus encore que le travail d’équipe, c’est la faculté à capturer la violence sur les corps de ces athlètes qui impressionne.
La violence des chocs dans un match de Foot US n’est pas très surprenante mais les corps martyrisés dans le monde du cheer l’est un peu plus. Et j’ai souffert devant mon écran, pas autant qu’eux évidemment, mais on grimace, souvent. Les bleus, les chocs, les chutes, les entorses, les articulations maltraitées, le documentaire est brutal.
Ce qui frappe aussi, c’est que dans les autres sports il y a une finalité à court terme (gagner le prochain match), à moyen terme (gagner la compétition) ou à long terme pour certains joueurs (être pro), mais dans le monde du Cheer, il n’y a rien après. On pourrait parler des cheerleaders des équipes professionnelles, mais elles sont généralement sous-payées (moins de 10 dollars de l’heure). Au mieux, on peut avoir un trophée si on remporte la seule compétition de l’année, voire un poste d’entraineur de cheerleaders dans un lycée ou une université. Contrairement aux basketteurs et autres, il n’y a même pas un rêve ultime, presque inatteignable, à atteindre, une carrière qui récompense les efforts.
Cela rend ces sacrifices quasiment vains, mais de fait encore plus admirables.
Et ne croyez pas que la pression n’est pas présente. L’équipe se prépare pour une compétition, un an de travail pour une prestation de deux minutes et quinze secondes. Une erreur et c’est fini. La chorégraphie préparée par l’exigeante Monica est d’une très grande difficulté et on voit toutes les difficultés à bâtir cette pyramide, le moment le plus complexe et spectaculaire de la chorégraphie. Leurs nerfs sont mis à rude épreuve, et les nôtres aussi. Si bien que la première pyramide réussie à l’entrainement après des mois de travail amène un immense soulagement. Mais il faut encore en réussir 40 à l’entrainement avant la compétition…
La recette par rapport à Last Chance U ne diffère pas beaucoup, on a les entraînements, des portraits (souvent larmoyants), des images volées où on voir les athlètes souffrir physiquement ou craquer sous la pression. Il y a parfois des tensions, des amitiés qui se nouent. Les études sont bien plus en retrait que dans un Last Chance U, et ce n’est absolument pas un soucis car sur les six épisodes de Cheer, on va vivre suffisamment d’évènements pendant les entraînements pour avoir à en ajouter à côté.
On a des good guys (Jerry en particulier, mais toute l’équipe), des villains (les parents d’une cheer), des disputes, des blessures, des larmes, des moments de joie. Certaines personnes comme Lexi ou La’Darius, prudentes et parfois renfermées de nature, vont se livrer devant les caméras et on a envie d’être leurs cheerleaders pendant l’année que l’on va suivre, et pour les années qui suivent.
Quand le décor est planté (ville modeste du Texas) et les personnages présentés, on ne peut s’empêcher de se poser des questions. Comment cet état très conservateur peut accueillir des athlètes homosexuels ? Le documentaire évoquera le sujet, pas tout de suite, mais au moment propice. Ces petites parenthèses sur l’homosexualité, la religion, la tolérance, le suicide sont des moments surprenants qui vont aider à dresser un portrait plus précis de tous les protagonistes.
Au-delà de ses figures spectaculaires, de la pression sportive, des athlètes impressionnants, il y a dans Cheer des moments très touchants. Et tout cela fait de cette série documentaire une pépite à découvrir au plus vite.
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Il ne faut s’attacher à aucune « star », Jerry Harris l’un des personnages les plus attachants découvert dans Cheer a été arrêté pour production de pornographie infantile.
Il aurait dragué deux jumeaux de 13 ans et demandé des photos explicites et même demandé une fellation à l’un des deux.
Même s’il dément, pour qu’il soit aussi rapidement arrêté, il doit y avoir quelques preuves de tout ça. Mais bon, il faut attendre plus d’éléments par précaution.