La lobotomobile
Walter Jackson Freeman, fils de médecin suit les traces de son pÚre et choisit une spécialité de neurologie. AprÚs un rejet pour travailler vers son mentor William Spiller, il déménage à Washington pour commencer une carriÚre prometteuse de neuropsychologue.
Dans les annĂ©es 30 aprĂšs un voyage professionnel en Europe, il se dĂ©couvre une fascination pour la lobotomie. Ă lâĂ©poque, les mĂ©dicaments Ă©taient inexistants et câest devenu la solution miracle pour soigner les maladies mentales ou troubles du comportement.
Il importe les nouvelles techniques europĂ©ennes aux US et commence Ă opĂ©rer Ă partir de 1936. LâopĂ©ration consiste Ă percer le crĂąne et couper certaines connexions du cerveau. On estime les rĂ©sultats Ă 62% dâamĂ©lioration, 24% inchangĂ©s et 14% dĂ©gradĂ©s.
En 1941, il opĂšre une certaine Rosemary Kennedy, la soeur du futur PrĂ©sident JFK. Victime de troubles de lâhumeur, on la force Ă subir cette opĂ©ration Ă la mode. Lâeffet ne sera pas concluant, elle deviendra handicapĂ©e mentale aprĂšs lâopĂ©ration et jusquâĂ sa mort.
En 1942 aprĂšs 200 opĂ©rations, il dĂ©couvre lâexistence dâune nouvelle technique qui consiste Ă opĂ©rer un patient depuis lâorbite des yeux, cela Ă©vite de percer le crĂąne. En insĂ©rant deux pics Ă glace, et en limitant lâusage dâanesthĂ©siant, lâopĂ©ration est plus rapide. Il devient une cĂ©lĂ©britĂ©.
Il organisait parfois des marathons de lobotomies oĂč il pouvait effectuer jusquâĂ 225 lobotomies en 2 jours, sans gants ou protections. Quand il invite des collĂšgues mĂ©decins ou des journalistes, il met parfois en place un petit spectacle, oĂč il opĂšre de sa mauvaise main oĂč tape au marteau en mĂȘme temps sur les deux pics Ă glace. En 1951, son spectacle a entraĂźnĂ© la mort dâun patient. Oups.
Pas de chance pour lui (mais bonne nouvelle pour les patients), dans les annĂ©es 50 des mĂ©dicaments pour les maladies mentales commencent Ă apparaĂźtre, la lobotomie qui Ă©tait dĂ©jĂ un peu controversĂ©e devient ringarde. Walter Jackson Freeman doit sâexiler⊠en Californie !
LĂ -bas, il doit ouvrir un peu sa clientĂšle et opĂšre un peu tout ce qui vient. MĂšres de familles, enfants turbulents, mais surtout des homosexuels. On estime Ă 40% le nombre de patients Ă tendances homosexuelles qui Ă©taient censĂ©s âguĂ©rirâ avec une lobotomie.
En 1967, la lobotomie est passĂ©e de mode dans tout le pays et un dĂ©cĂšs sur la table dâopĂ©ration dâun de ses patients le fait tomber en disgrĂące. Il nâopĂ©rera plus aprĂšs cela.
Cependant, persuadé du bien fondé de ses méthodes et de la lobotomie, il parcoure réguliÚrement le pays dans un van surnommé Lobotomobile pour promouvoir la lobotomie.
En 1972, opĂ©rĂ© dâun cancer, il mourra sur la table dâopĂ©ration, aprĂšs des complications.
Il a opéré 4 000 patients, dont 2 500 avec la méthode des pics à glace. Ses plus jeunes patients avaient 7 ans (aux US, la plus jeune patiente opérée de lobotomie avait 4 ans).
Ah oui au fait, un petit dĂ©tail, Walter Jackson Freeman nâa jamais reçu de formation en chirurgie. Il nâavait pas les compĂ©tences pour opĂ©rer en dĂ©but de carriĂšre.
Sources :
https://en.wikipedia.org/wiki/Walter_Jackson_Freeman_II
http://mentalfloss.com/article/502035/retrobituaries-walter-jackson-freeman-father-lobotomy
http://thedollop.libsyn.com/lobotomy