ROBERTO DE ZERBI « LâOM, CâEST UNE AUTRE SAVEUR »
Comment incarner la stabilitĂ© dans un club qui ne sait plus ce que câest ?
Il y a eu beaucoup de mouvements dans le club, Ă tous les niveaux. La stabilitĂ© se trouve en Ă©tant soi-mĂȘme, en travaillant avec sĂ©rieux et passion, des choses que jâai toujours eues en moi. Il nây a pas de secret ou de formule magique. Un entraĂźneur fait partie de lâinstitution, ce nâest pas le chef. Sur le terrain, je suis le responsable. Ăa ne veut pas dire que je commande, mais je veux contrĂŽler mes idĂ©es de jeu.
Avez-vous analysĂ© les matches de la saison derniĂšre ou ce nâĂ©tait pas utile, car tout change ?
Pour avoir affrontĂ© Marseille avec Brighton en Ligue Europa (2-2, 0-1), je connaissais beaucoup de joueurs. Jâavais vu Balerdi, Rongier qui est en train de revenir, Murillo, Kondogbia, Harit⊠On en a ajoutĂ© dâautres pour changer un peu la mentalitĂ©. CâĂ©tait nĂ©cessaire par rapport aux caractĂ©ristiques de ceux que nous avions. Je pense que lorsquâil reprend une Ă©quipe huitiĂšme la saison passĂ©e, quâil a un contrat de trois ans et des idĂ©es diffĂ©rentes, un nouvel entraĂźneur est obligĂ© dâinsuffler un changement radical dans lâĂ©quipe. AprĂšs, chaque entraĂźneur donne sa propre idĂ©e du football, mais il ne fait rien seul. Les acteurs principaux, ce sont les joueurs.
En septembre dernier, une crise avait éclaté entre la direction et les supporters, provoquant le départ de Marcelino. Avez-vous pensé à ce contexte avant de vous engager ?
Il est clair que quand tu vas travailler dans un club, tu analyses toutes les choses difficiles, dĂ©sagrĂ©ables, qui pourraient exister autour. Mais il y a aussi de belles choses. Je connais la pression, les difficultĂ©s inhĂ©rentes Ă ce club, mais je sais que mon choix sâest portĂ© sur lâOM pour toutes ces raisons aussi. Marseille, câest diffĂ©rent, câest une autre saveur que nâimporte oĂč ailleurs. Et si tu rĂ©ussis Ă lâOM, câest encore plus beau.
Vous ĂȘtes arrivĂ© avec un staff Ă©toffĂ© et un conseiller personnel, Giovanni Rossi. Ătait-il primordial dâĂȘtre autant entourĂ© ?
Ces choses nouvelles dans lâorganigramme, comme le directeur de la performance (Marcello Iaia), ont surtout Ă©tĂ© apportĂ©es par Pablo (le prĂ©sident Longoria). Il y en a dâautres que jâai demandĂ©es pour faire mieux. Pas pour mon avantage personnel, mais pour le club. Le plus important, ce nâest pas le prĂ©sident ni le coach. Le plus important, câest lâOM. Et ça doit ĂȘtre clair pour tous les salariĂ©s du club.
Comment le faire comprendre ?
Avec lâexemple que tu donnes tous les jours, sur et en dehors du terrain, le respect que tu montres et les quelques rĂšgles que tu mets en place. GrĂące Ă Medhi Benatia (conseiller de Longoria), qui a beaucoup travaillĂ© dans ce sens, jâai trouvĂ© une ambiance tranquille. Je peux seulement penser Ă travailler, organiser les choses pour rĂ©ussir ici.
Pourquoi nâaviez-vous pas signĂ© en 2022, quand vous aviez discutĂ© avec les dirigeants ?
Je voulais dĂ©jĂ venir Ă cette Ă©poque. Sans parler des aspects financiers ou de construction dâeffectif, je crois que ça ne sâest pas fait Ă cause de divergences entre le directeur sportif Javier Ribalta et Pablo Longoria. Avec mon staff, on avait longuement Ă©tudiĂ© lâeffectif. Il y avait des joueurs comme Gerson, Ănder⊠Cette fois, Pablo et Medhi ont tout fait, dans leur comportement et leurs discours, pour que ça se fasse. Ils mâont respectĂ©, mâont fait me sentir important, ils ont Ă©tĂ© adorables et honnĂȘtes avec moi. Ce nâest pas le nom du club qui est important, mais ce que je ressens. Le rapport avec les dirigeants, quand on discute et quâon se comprend rapidement sur comment on veut jouer, sur ce dont on a besoin. Sans vendre du rĂȘve mais en se disant la vĂ©ritĂ©. Je pense quâon a trouvĂ© lâaccord en mĂȘme pas cinq minutes.
Ă part Donetsk, vous avez toujours dirigĂ© des outsiders dans leur Championnat,alors que lâOM est souvent en situation de dominer en L1. Ce challenge peut-il vous faire Ă©voluer ?
On a lâobligation de gagner ici parce que les joueurs sont meilleurs sur le papier que les concurrents, câest un avantage pour moi. Au Chakhtior aussi, jâavais une Ă©quipe qui devait tout le temps lâemporter. Câest sĂ»r, ça change de Brighton qui nâest pas en Premier League ce que lâOM est en L1. Mais nous sommes prĂȘts.
La devise de lâOM est âdroit au butâ. Or, Brighton faisait lâinverse avec vous, en Ă©tant lâĂ©quipe qui faisait le plus de passes dans son camp pour aspirer lâadversaire. Craignez-vous que votre jeu ne soit pas compris par le VĂ©lodrome ?
Moi aussi je veux aller âdroit au butâ. Mes Ă©quipes ont dâailleurs toujours mis beaucoup de buts. Le problĂšme, câest que quand tu nâarrives pas Ă marquer, que ce soit sur une sĂ©quence dâune seule ou de dix passes, il ne faut pas subir de contre-attaque.
Peut-on toujours ĂȘtre le mĂȘme entraĂźneur, quel que soit le club ?
Non, lâentraĂźneur doit sâadapter au Championnat, au type de joueurs Ă sa disposition, câest la prioritĂ©. Si jâai beaucoup changĂ© de pays, ce nâest pas pour apprendre des langues. Je ne travaille pas dans le tourisme. Ce que jâaime, câest comprendre les diffĂ©rents styles et mâadapter, tout en gardant mes principes.
En quoi le Brighton de De Zerbi était-il différent de vos précédentes équipes ?
Brighton Ă©tait une Ă©quipe plus verticale que lâĂ©taient le Chakhtior et Sassuolo. Lors de ma premiĂšre saison, câĂ©tait lâĂ©quipe qui effectuait le plus de tirs au but de toute la Premier League. Avec Welbeck, Mitoma, March, Enciso, jâavais des joueurs verticaux. Le style de lâĂ©quipe dĂ©pend forcĂ©ment des joueurs. Ici, on pourrait jouer Ă quatre attaquants, avec Luis Henrique, Greenwood, Wahi et Carboni. On pourrait aussi peut-ĂȘtre Ă©voluer avec KonĂ© en numĂ©ro 10, Harit en ailier⊠Ăa dĂ©pend de plusieurs paramĂštres. Le tout, câest de trouver lâĂ©quilibre. Et lâĂ©quilibre, ce nâest pas prendre peu de buts, câest trouver le juste milieu entre ce que tu crĂ©es dans le camp adverse et ce que tu subis. Si une Ă©quipe prend peu de buts mais ne tire jamais, elle nâest pas Ă©quilibrĂ©e.
Avez-vous dĂ©jĂ ce quâil vous faut Ă lâOM ?
On doit encore complĂ©ter certaines choses. MĂȘme si Wahi est arrivĂ© mardi, Cornelius la semaine derniĂšre, les gardiens aussi, je suis satisfait. Ce nâest pas un timing idĂ©al mais si vous me demandez si je suis content de lâeffectif, de la maniĂšre dont le club a travaillĂ©, je vous rĂ©ponds oui.
Le travail dâIgor Tudor et de Jorge Sampaoli Ă Marseille peut-il ĂȘtre une inspiration dans le contexte de la L1 ?
Ce sont deux coaches qui ont fait du bon boulot. Je regardais lâOM de Sampaoli, mais vous dire sâil ressemblait Ă lâOM que je veux mettre en place, câest difficile. Vous devez voir le coach Ă lâentraĂźnement, voir ce quâil demande Ă son Ă©quipe pour comprendre son projet. Je peux dire que je suis moins dans la verticalitĂ© et le jeu direct que Tudor. Je prĂ©fĂšre un jeu de possession orientĂ© sur la gestion des temps forts et le contrĂŽle du ballon.
Quel est le premier principe que vous avez inculqué aux joueurs marseillais ?
Garder le ballon plus que lâadversaire. Commander le jeu, on peut le faire avec ou sans le ballon, mais câest plus facile avec. Je veux chercher Ă avoir une Ă©quipe protagoniste sur le terrain. Je lâai fait de partout, et jâai surtout envie de le voir Ă Marseille. Je suis fier dâĂȘtre lâentraĂźneur de lâOM, les joueurs aussi doivent lâĂȘtre. Ăa nous donne des responsabilitĂ©s supplĂ©mentaires.
Vos prédécesseurs avaient peur des transitions en L1. Vous méfiez-vous aussi de la facilité des équipes françaises en contre ?
On le voit surtout en Ligue 1, mais aussi en Bundesliga et en Premier League. Quand tu veux attaquer avec beaucoup de joueurs, tu dois toujours ĂȘtre attentif aux contre- attaques. Câest le danger numĂ©ro 1.
Comment travailler sans avoir un groupe complet ?
Câest difficile. Mais je savais avant de signer que ce serait le bordel jusquâĂ la fin aoĂ»t. On nâa pas lâeffectif au complet, mais on travaille sans excuse ni demander de dĂ©lais, on doit ĂȘtre prĂȘts tout de suite car câest ce que demande un club comme lâOM.
Quels objectifs voulez-vous atteindre cette saison ?
Ă la fin du mercato, on pourra ĂȘtre un peu plus prĂ©cis sur nos objectifs. Mais le premier et le plus important, câest de rendre fiers et heureux tous ceux qui suivent lâOM, du propriĂ©taire Ă la marĂ©e de supporters. Les rendre fiers des joueurs et du coach quâils ont. On doit voir si on a tout de suite une Ă©quipe soudĂ©e, avec un cerveau et une Ăąme. On travaille sur ça. Les attentes sont hautes mais on les accepte. Nous avons des joueurs forts, et je ne suis pas du genre Ă me cacher si je ne rĂ©ussis pas ma mission.
Quels sont les critĂšres qui guident la signature dâun joueur ?
Ce quâil a dans le sang (il se tape le bras avec lâindex). Le caractĂšre, la volontĂ©. Wahi, par exemple, il a voulu venir Ă tout prix et câest ce quâil mâa dit tout de suite au tĂ©lĂ©phone. Greenwood, câest le premier joueur que jâai appelĂ©. Jâai parlĂ© avec son pĂšre, qui doit avoir le mĂȘme Ăąge que moi. Je lâai averti sur lâexigence de ce club, en lui disant : âLâOM, câest lâOM.â Il mâa rĂ©pondu : âJe me souviens de lâOM historique, qui a jouĂ© des finales de Coupes dâEurope.â Au contraire, quand nous voyions quâun joueur Ă©tait incertain, pas totalement sĂ©duit Ă lâidĂ©e de nous rejoindre, on partait tout de suite sur une autre piste.
Quels sont les critĂšres techniques ?
Il y a les caractĂ©ristiques de chaque joueur, mais la prioritĂ© est de savoir mettre ses qualitĂ©s au service du collectif, on doit ĂȘtre forts ensemble. Je regarde la technique, la vitesse, la qualitĂ© de lecture de jeu pour ouvrir des espaces au milieu⊠Pierre- Emile Höjbjerg a jouĂ© avec le Danemark, une nation qui joue un football similaire Ă celui quâon veut pratiquer, et Tottenham le faisait lâan dernier avec Ange Postecoglou. Lilian Brassier a Ă©galement les qualitĂ©s pour, comme IsmaĂ«l KonĂ©, qui est un milieu de projection, capable de marquer des buts. Lui aussi voulait trĂšs fortement venir Ă lâOM.
Lâaisance au pied des gardiens et des dĂ©fenseurs est-elle non nĂ©gociable ?
Ăa fait partie des choses que je regarde, comme la vitesse pour les dĂ©fenseurs. Jâobserve le jeu au pied des gardiens, les sorties aĂ©riennes aussi. On mâa dit que Pau Lopez avait souffert sur ce point par le passĂ©.
Lâeffectif a Ă©tĂ© rajeuni. Ătait-ce une volontĂ© ?
Ce sont les circonstances. Pierre-Emerick Aubameyang (35 ans), je ne voulais pas quâil parte. Mais jâai acceptĂ© sa dĂ©cision quand jâai compris sa volontĂ©. Je ne fais pas attention Ă lâĂąge dâun joueur, je regarde plutĂŽt sâil a du caractĂšre, sâil est bon ou pas. Il y a des jeunes qui ont du caractĂšre, et des plus vieux qui sont bons mais qui ont peur. Ă Brighton, jâavais Adam Lallana et James Milner qui avaient presque mon Ăąge, et ils Ă©taient des exemples en tant que professionnels.
Pourquoi avez-vous quitté Brighton ?
Nous avions des idĂ©es diffĂ©rentes avec le propriĂ©taire. Jâaime le foot, jâaime travailler mais jâaime aussi la libertĂ©. Ăa ne me correspondait plus, je ne voulais pas accepter des choses injustes. AprĂšs, jâai vraiment choisi de venir Ă Marseille. Parce que jâavais la possibilitĂ© de rester en Angleterre, mais jâai fait ce choix aprĂšs mĂ»re rĂ©flexion. Et je pense que câest lâambiance idĂ©ale pour moi.
Trouvez-vous plus de liberté à Marseille ?
Ătre libre ne veut pas dire commander. Ăa veut plutĂŽt dire que je suis stimulĂ©, que je sens une forte motivation, que mon poste me donne de lâadrĂ©naline. Je veux avoir la chair de poule, me lever en pensant Ă faire exploser le VĂ©lodrome, Ă faire marquer 15 buts Ă Greenwood et 20 Ă Wahi⊠Fabrizio (Ravanelli) mâa souvent parlĂ© du contexte marseillais. Ce sont des Ă©motions que seul le foot vous donne. Mais je ne vais pas faire de grandes dĂ©clarations. LâOM a fini huitiĂšme la saison passĂ©e, on doit rester silencieux et humbles. On ne joue mĂȘme pas la Ligue ConfĂ©rence mais on doit ĂȘtre ambitieux. Je suis un peu vieux (45 ans) mais le riche passĂ© de lâOM, je mâen souviens comme sâen souvient le pĂšre de Greenwood.
Aller en Ligue 1 aprĂšs la Premier League, ce nâest pas une rĂ©gression ?
Jâai commencĂ© ma carriĂšre dâentraĂźneur en CinquiĂšme Division italienne (Ă Darfo Boario, 2013-2014). Depuis, jâai passĂ© cinq saisons en Serie A, un an Ă Donetsk et en Ligue des champions, deux ans en Premier League en finissant une fois 6e. Venir aujourdâhui Ă Marseille, câest un pas en avant. Tout le monde sait que la Premier League est le meilleur Championnat du monde, parce que les Anglais savent vendre leur produit. Jâai vu tant de matches de L1 lâan passĂ©, de Marseille mais aussi de Paris, Lens ou Brest. Je connais les exigences de ce Championnat.
Est-il possible de rivaliser Ă terme avec le PSG ?
Câest notre rĂȘve. Quand ? Je ne sais pas. Mais bien sĂ»r que câest notre ambition, sinon tu ne viens pas Ă lâOM. Maintenant, on reste en construction. Paris a rĂ©ussi de grandes choses ces derniĂšres annĂ©es. On ne peut pas faire semblant non plus, bien sĂ»r quâon veut rivaliser avec Paris. Personne ne doit lâoublier Ă lâOM, et je ne parle pas seulement des joueurs.
Avez-vous besoin de gagner des titres pour ĂȘtre heureux, ou votre Ă©panouissement peut-il seulement passer par le jeu ?
On joue bien pour gagner des titres, justement. Sâil nây avait quâune voie vers les titres, tout le monde la prendrait et serait champion Ă la fin. Tu dois choisir ta voie pour aller gagner. Celle que jâai choisie, câest bien jouer et avoir des joueurs de qualitĂ©. Dâautres prĂ©fĂšrent le contre, ou jouer long et attaquer les seconds ballons⊠Ce qui me plaĂźt, câest la perfection, je ne serai jamais content. Mais je peux dire que mes joueurs sont de belles personnes, qui sâinvestissent et mĂ©ritent de faire un grand Championnat.
Sur quels aspects votre équipe vous a-t-elle plu, lors de la préparation ?
Ce qui mâa plu contre Augsbourg (3-1, samedi), câest dâavoir rĂ©ussi Ă contrĂŽler le jeu. On sâest crĂ©Ă© des occasions, on a bien dĂ©fendu face Ă la premiĂšre ligne de pression adverse. On a Ă©tĂ© bons Ă©galement dans lâagressivitĂ©, le contre-pressing Ă la perte du ballon. On doit concĂ©der moins de situations de frappe, on a aussi ratĂ© lâoccasion de marquer 5-6 buts en seconde pĂ©riode. Ăa, câĂ©tait pour le nĂ©gatif, mais je retiens beaucoup de positif.
Lors de la prĂ©paration, vous avez aussi dĂ» dire Ă plusieurs joueurs que vous ne comptiez pas sur euxâŠ
LâentraĂźneur doit prendre ses responsabilitĂ©s, sans oublier de respecter tout le monde, dâĂȘtre correct et honnĂȘte. Mais nous avons fait des choix, pas seulement moi. Les idĂ©es de jeu ont changĂ©, les joueurs aussi. La gestion des joueurs quâon ne dĂ©sire plus dĂ©pend du club et pas seulement de moi. Disons que jâai simplement fait ma part dans la construction de lâeffectif.
Pourquoi avez-vous repĂȘchĂ© Geoffrey Kondogbia ?
Kondogbia nâest pas revenu, il a toujours Ă©tĂ© dans le groupe. Ce joueur est une dĂ©couverte importante pour moi. Je savais que câĂ©tait une belle personne, un joueur fort. Mais je lâai vu trĂšs motivĂ©, se comporter en leader. Sâil fait une grande saison, la satisfaction ne sera pas sportive car tout le monde connaĂźt les qualitĂ©s du joueur. Elle sera surtout humaine, parce que câest une revanche pour lui, qui mâa tout de suite dit que sa saison Ă©tait ratĂ©e lâan dernier. Il est intelligent et il a montrĂ© la volontĂ© de rĂ©agir.
Joueur, auriez-vous aimé vous avoir comme entraßneur ?
Peut-ĂȘtre que le joueur que jâĂ©tais se serait disputĂ© avec lâentraĂźneur que je suis (il tape ses poings en riant). Le point commun entre ces deux personnes, câest lâamour pour le foot. Je vivais pour le foot quand jâĂ©tais joueur, en tant quâentraĂźneur aussi. Maintenant, je peux commander alors quâavant, jâĂ©tais aux ordres. Je devais courir, je dois parler.
Vous avez avant tout une réputation de tacticien. Quelle place a la dimension humaine dans vos rapports avec les joueurs ?
Ăa vient en premier. Lâhomme vient avant le professionnel, le prĂ©sident, lâentraĂźneur, le joueur, le supporter⊠Mais je veux tout en fait. De la motivation, du physique, de lâagressivitĂ© sur le terrain, de lâhumain⊠En tant que professionnel, tu ne peux pas te contenter dâavoir certaines qualitĂ©s et dâautres moins bonnes.
Vous avez défendu Greenwood avant son arrivée, critiquée pour des raisons extrasportives (le joueur a été accusé de violences conjugales et de tentative de viol en 2022, avant que les poursuites soient abandonnées).
(Il coupe.) Je ne lâai pas dĂ©fendu. Jâai dit que quand un joueur devient mon joueur, je suis le premier Ă le coller au mur sâil se trompe. Mais vis-Ă -vis de lâextĂ©rieur, je le dĂ©fendrai toujours comme je prendrais la dĂ©fense de mon fils. La question personnelle nâentre pas dans mon raisonnement, je sais ce quâa fait Pablo en amont, toutes les informations humaines quâil a rĂ©coltĂ©es sur Greenwood. Le club a pris toutes les prĂ©cautions avant de prendre la dĂ©cision.
Avez-vous des passions en dehors du foot ?
(Il montre son paquet.) La cigarette ! Jâai des hobbies, bien sĂ»r, mais entraĂźner Ă ce niveau te prend beaucoup trop de temps. Alors partager un repas avec mon staff peut ĂȘtre un hobby, faire une balade sur mon jour libre aussi. Mais je nâai pas beaucoup de temps libre. Et mĂȘme si jâen avais, câest surtout mon esprit qui nâest pas assez libre pour penser Ă autre chose.